De nombreuses personnes ont failli perdre la vie ce vendredi 23 septembre 2022 sur l’axe Université, Sendwe et Lumumba, communes de Kalamu et Limete. En effet, des policiers de la brigade de la circulation routière, ont de manière sélective, forcé un conducteur à s'arrêter. Ce dernier a soudainement démarré, mettant en danger la vie des autres conducteurs, passagers et piétons. Il est notoirement connu que les véhicules de transport en commun font la loi à Kinshasa et les privés sont la cible principale, de nombreux policiers dont les bavures sont devenues quasi quotidiennes.
Les pratiques scandaleuses des policiers commis à la circulation routière sont devenues une habitude à Kinshasa. Aucun jour ne passe sans qu’un abus des policiers kinois en charge de la circulation routière, ne soit signalé sur les réseaux sociaux ou dans les différentes émissions de la télé et de la radio.
Pour preuve : ce vendredi 23 septembre 2022, un accident a été évité de justesse. A la base : des policiers de la circulation routière.
Neuf heures passées, au croisement de l’avenue Université et des boulevards Lumumba et Sendwe, à l'arrêt Sonahydroc (ex Cohydro), communes de Kalamu et Limete, quinze policiers sont présents sur cette bretelle, longtemps épargnée par des tracasseries policières. Trois d’entre eux sont alignés au niveau du séparateur et sur la bande des piétons. Un autre régule la circulation. Il barre la route aux véhicules qui viennent de Sendwe, via le pont Kasa-Vubu (ex-pont Cabu) pour laisser passer ceux qui empruntent ou viennent de l’avenue Université. Un policier parmi les trois alignés au niveau du séparateur et sur la bande des piétons, donne des consignes à ces collègues : « Si je repère et avance vers un véhicule, venez vite. L’un doit vérifier si l’une des portières est ouverte ou si les plaques peuvent être enlevées facilement », dit-il devant les piétons qui rient et les huent.

Nous décidons de rester sur place pour vérifier toutes les scènes. Les quinze policiers répartis en trois groupes, se positionnent du côté de l’église Cité Béthel, à l’entrée Université et à l’intersection de cette bretelle.
Tout est bien préparé
Le boulevard Sendwe a trois bandes de chaque côté. Alors qu’un policier vient d’ouvrir le passage il y a à peine 30 secondes, aux véhicules venant du côté du stade Tata Raphaël, il le bloque aussitôt qu’il constate l’arrivée de nombreux véhicules privés. Sur les trois bandes, les véhicules sont stationnés dont à la tête de l’une d’elles, un véhicule de transport en commun. Le policier qui a donné la consigne, se lance à la recherche des véhicules privés qui ont violé le code de la route. Sur la bande droite réservée aux véhicules censés retourner sur Sendwe en direction du boulevard Triomphal, se trouve un taxi dit « ketch » en tête avec d'autres véhicules de transport en commun. Ils ne sont pas inquiétés mais c’est le quatrième, un privé, qui est ciblé. Le policier demande au conducteur de baisser la vitre et lui fait savoir qu’il n’a pas mis son clignotant et qu’il se retrouve sur la mauvaise bande. Le chauffeur lui fait savoir qu’il n’est pas le seul parce qu’il y a d’autres véhicules devant lui qui sont tombés sous le coup de la même infraction.

Les deux autres coéquipiers du policier avancent rapidement et le conducteur du véhicule qui se doute d’un contrôle, les voit arriver en grandes enjambées. Il fait une manœuvre brusque et dangereuse, se faufile dans un petit espace. Vrombissant, le véhicule prend l’autre bande, un peu libéré alors qu’il y avait les derniers piétons et d’autres véhicules qui traversaient de l’autre côté de l’avenue Université. Une dame avec un nourrisson entre ses mains, est de justesse sauvée par un motard qui l’a bousculée pour qu’elle laisse un passage au véhicule en fuite. Les autres véhicules s’arrêtent brusquement et les policiers accourent pour ouvrir les portières du «ketch» fugitif, sans succès. Le fuyard redémarre en trombe, sous les regards choqués des autres conducteurs.
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Pendant tout le temps d’observation, je constate que les policiers se comportent tels des barbares. Ils essaient d’ouvrir les portières des véhicules en marche, leur lancent des projectiles, pinces en mains, ils démontent les plaques, non sans provoquer sciemment des embouteillages pour racketter. Une dame venue du boulevard Lumumba voulait en découdre avec l'un des policiers, à qui elle avait remis les documents du véhicule. Elle était en ordre après vérification mais le policier lui cherchait une infraction. Énervée, elle a été raccompagnée de force dans son véhicule, laissé au milieu de la route, ce qui pourrait tirer l'attention d'un cortège des autorités. Le major qui supervisait ses troupes l'avait suppliée de repartir calmement après une vive tension.
