Breaking News

RDC : 27 ans après le massacre de Lemera, Denis Mukwege réclame toujours la justice

RDC : 27 ans après le massacre de Lemera, Denis Mukwege réclame toujours la justice
Le Prix Nobel de la paix Denis Mukwege
Le Prix Nobel de la paix Denis Mukwege
Justice/
Par Raphaël Kwazi

Il y a vingt-sept ans, la ville de Lemera dans la province de Sud-Kivu en République Démocratique du Congo avait été attaquée par les rebelles Banyamulenge, soutenus par le Rwanda. Ils massacraient les occupants de l'hôpital de la ville, géré à l’époque par le prix Nobel de la paix Denis Mukwege. Cet événement marquait le début de la première guerre du Congo, qui avait opposé l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo de Laurent-Désiré Kabila (AFDL) au régime de Mobutu Sese Seko. Les  victimes de cet événement continuent à réclamer justice jusqu’à nos jours. Ce jeudi 6 octobre 2022, à l’occasion du 27e anniversaire de commémoration de ce drame, le prix Nobel de la Paix Denis Mukwege demande que les auteurs de ce crime soient jugés. 

« 37 personnes massacrées à l’Hôpital. Nous n’oublierons jamais cette violation du droit international humain. Les auteurs de ce crime imprescriptible doivent être jugés. Les corps jetés dans les fosses communes doivent être exhumés pour reposer dans une sépulture digne et un mémorial doit être édifié », écrit-il sur son compte Twitter.

Massacre de Lemera Sud-Kivu

 Petite histoire de ce massacre

Selon l’histoire racontée par de nombreuses sources, en 1996, les miliciens Hutus Interahamwe réfugiés au Zaïre chassaient de la région des milliers de Banyamulenge (nom désignant en fait toute personne assimilée aux Tutsi). Les exilés rwandais souhaitaient lancer des raids sur le Rwanda. À partir de cette date, des infiltrations des soldats de l'armée patriotique rwandaise (APR) sont signalées dans la région, tandis que des milices Banyamulenge se constituent. Le 8 septembre 1996, des éléments des Forces Armées Zaïroises (FAZ) ripostaient à une attaque d'« éléments non identifiés » à Lemera.

L'hôpital de Lemera est le plus grand hôpital du Kivu. Dirigé par le docteur Denis Mukwege, il comptait à l’époque 230 lits et un bon équipement. De par sa proximité avec les combats, il accueillait  trois cents malades, dont des soldats des FAZ et des miliciens Hutus. Des combattants revenus du Burundi y sont notamment soignés. A cause de l'insécurité, l'hôpital a demandé à être protégé par les FAZ. Une compagnie d'une centaine d'hommes a été envoyée sur la base de Kidoti, à trois kilomètres de l'hôpital.

Le 4 octobre, les troupes Banyamulenge et de l'APR entraient au Zaïre en franchissant la Ruzizi. Des combattants s'infiltraient dans le village. L'assaut démarrait le 6 octobre au matin après un tir de mortier sur la base zaïroise. Coordonnée par des talkies-walkies, l'attaque est lancée depuis plusieurs directions mais une voie de repli est volontairement laissée aux FAZ. Les deux camps subissaient des pertes mais après quelques heures de combat, une centaine d'assaillants attaquaient ensuite l'hôpital.

Image Illustrative

À l'hôpital, 34 patients, majoritairement des soldats des FAZ, sont tués sur le sol en tentant de s'échapper ou dans leurs lits, achevés par balles ou à l'arme blanche. Trois infirmières, Kadaguza, Simbi et Maganya sont également massacrées. Les autres malades ont pu s'échapper. Les corps d'autres soldats des FAZ sont trouvés près de la paroisse catholique. Deux prêtres catholiques sont également assassinés. L'abbé Koko a été abattu immédiatement tandis que l'abbé Ndogole a été emmené dans les montagnes avant d'être tué.

Le docteur Denis Mukwege était alors absent. Malgré ses demandes de lutter contre l'impunité et bien que le massacre soit documenté, ses auteurs n'ont jamais été poursuivis. Selon le politologue Filip Reyntjens, les Banyamulenge et l'AFDL ne sont pas les principaux responsables du massacre mais bien l'Armée rwandaise.


Politique

Economie

Société

Sport

Afrique

Monde

Blog