Le conflit opposant la RDC au Rwanda, depuis plus de deux décennies, a pris une nouvelle tournure depuis le 22 mais après l’attaque du M23, soutenu par le Rwanda, dans le territoire de Rutshuru. Les FARDC, très organisées, ont défait ce mouvement qualifié de terroriste, soutenu par le Rwanda. Des réactions, combien vivaces, des congolais de toutes les catégories sociales, sur l’ensemble de la planète, sont restées, très fermes : en finir avec le Rwanda. C’est en tout cas, ce que veulent les Congolais, mettre un terme à ce qui convient d’être considéré comme une certaine domination rwandaise sur la RDC, profitant de la crise interne et surtout du renversement du Maréchal Mobutu en mai 1997.
Face à cette escalade de la violence, favorisée par la présence des éléments de l’armée rwandaise parmi le groupe rebelle M23, le Président en exercice de l’Union Africaine, Macky Sall a appelé les deux chefs d’Etats à la retenue. Pour lui, il faut une solution diplomatique pour mettre un terme à l’insécurité dans l’est de la RDC. Ce même son de cloche a été entendu à Luanda où le Président angolais Lourenço a proposé l’usage des mécanismes sous-régionaux de la paix dans le cadre de la CIRGL.
Les Américains se sont mêlés par la voix d’Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine qui souhaite, mieux qui propose, une solution diplomatique entre les deux pays. Si de manière générale, tous ou presque sont d’avis qu’il faut régler les différends entre les deux pays par la voie diplomatique, il n’en demeure pas moins que des doutes subsistent quant à la volonté politique du Rwanda particulièrement celle de Paul Kagame de voir la paix revenir dans l’est du Congo.
Plusieurs spécialistes de la région estiment que le Rwanda ne voudrait pas, à ce stade du conflit, l’instauration de la paix dans cette partie de la région. La raison est simple : l’exploitation minière de la RDC. Cela est d’autant vrai que les mêmes spécialistes y compris ceux de l’ONU indiquent dans plusieurs rapports que le Rwanda est le principal exploitant des minerais en RDC. Le coltan et l’or prennent la tête de la liste sans oublier la cassitérite. Plusieurs médias du monde ont expliqué depuis plusieurs années que le Rwanda est devenu le premier exportateur du coltan dont il n’est pas producteur. Dans ce cadre, les experts notent qu’une usine d’or a été également construite pour la production des lingots.
Face à toutes ces preuves, les Congolais s’interrogent si Kagame est prêt pour faire la paix avec Félix Tshisekedi. L’intransigeance manifestée ces derniers mois par le Président congolais face au Président rwandais peut-elle changer les rapports des forces sur le plan diplomatique entre les deux parties ? Tout laisse penser que la fermeté de Félix Tshisekedi et le soutien qu’il a de la population dans ce dossier peuvent plier Paul Kagame. C’est d’abord ce rapport des forces qui compte entre les deux parties. Ensuite, c’est cette volonté politique du Président congolais qui peut s’imposer dans la suite des événements. On sait par exemple que la révocation des quatre généraux, tous anciens de l’Armée patriotique rwandaise, APR, par le président Tshisekedi a été saluée par l’opinion publique congolaise qui a toujours déploré l’infiltration des éléments rwandais dans l’armée congolaise. La détermination du Gouvernement dans cette crise peut changer la face de l’histoire de notre pays.
Julien Nyamwenyi Mwana Shangu