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RDC : Pourquoi le M23 est de retour ?

RDC : Pourquoi le M23 est de retour ?
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Julien Nyamwenyi
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Par Julien

C’est une question importante que tout congolais se pose. Le M23 défait pourtant, il y a quelques années par les FARDC est revenu, bien armé au grand dam des congolais. L’attaque des plusieurs localités dans l’est du pays la semaine dernière dont Kibumba et Rumangabo par le M23, laisse penser, sans aucun doute, que la RDC ne tire pas les leçons du passé. L’ambiguïté, avec laquelle la question du M23 est traitée depuis des années ainsi que l’ensemble des questions sécuritaires dans l’est du pays, pose problème. Outre cette ambiguïté, la légèreté de tous ceux qui ont en charge ce dossier étonne plus d’un dans les couloirs de la diplomatie aussi bien à New York qu’à l’Union Africaine.   

On a beaucoup parlé de la lutte contre des groupes armés mais ils sont toujours là.  Joseph Kabila parlait même de groupes résiduels mais encore une fois, ils continuent à naître comme des champignons dans les savanes et forêts tropicales. Nous sommes loin du bout du tunnel. Tout ceci démontre que le mal est profond.  Et le problème, c'est que personne ne veut toucher, effectivement, à la corde sensible et mettre le doigt dans la plaie.  Certaines sources diplomatiques affirment que tous ou presque craignent la répression, les représailles politiques ou sécuritaires. Jusqu’où allons-nous nous taire face à ce qui semble être une conspiration mieux qu'une haute trahison de tout un peuple ?

Des noms des complices, directs ou indirects, ont toujours été cités. Un rapport des Nations Unies sur cette épineuse question existe, mais aussi d’autres rapports des organisations non gouvernementales de la région n’ont pas cessé de pointer du doigt ceux qui s’enrichissent dans la terreur.  On se rappelle, il y a quelques mois, lorsque Christophe Mboso Nkodia Pwanga, président de l’Assemblée nationale, appelait ses collègues de l’Est à quitter des groupes armés. On se rappelle encore, comme si c’était hier, la réprobation, quasi générale des élus de l’est, estimant qu’ils étaient visés par le numéro un de la chambre basse du parlement. Mais la vérité cette interpellation n’était pas nouvelle. Joseph Kabila l’aurait déjà dit, en son temps, alors qu’il avait le pouvoir entre ses mains. On ne se plaint pas quand on a le pouvoir et les instruments pour agir, disait Angela Merkel. Instruments de tout pouvoir politique, ni la justice militaire, ni la justice civile n’ont réagi à ce jour. Mais l’explication peut venir des Nations Unies qui parlent généralement de l’absence de l’Etat, c’est-à-dire la faiblesse des institutions de la république existante, parce qu’hier comme aujourd’hui, les mécanismes de la justice n’ont jamais été actionnés de manière ferme pour se saisir du dossier. Des organisations de la société civile sont de plus en plus formelles, face à ce qu’il convient d’appeler la démission de tous devant ce drame.    

 

Question diplomatique

 

Côté diplomatie, c’est aussi un échec patent qui ne date pas d’aujourd’hui. Depuis le début de la crise, le Rwanda a toujours roulé la RDC dans la farine. Entre les mots et les actes sur le terrain, rien n’a jamais été tenu.  Le Rwanda n’a jamais appliqué la moindre résolution issue de toutes les négociations pour un retour à la paix durable voulu par tous dans la région. Les Nations Unies sont les premières à le dire. Et la raison est simple : c’est le Rwanda qui est le premier soutien, et tout le monde le sait, de toutes ces rébellions qui se sont déclarées dans l’est, en commençant par l’AFDL, RCD et toutes ces composantes dans la région. Suivi en cela par l’Ouganda. Comme disent les experts, une rébellion ne résiste pas sans une base arrière dans pays voisin. Il ne faut pas être magicien pour le comprendre. Constat fait : la diplomatie congolaise n’a jamais été aussi ferme face au Rwanda. Pour la première fois, les FARDC ont cité nommément le Rwanda pour avoir été impliqué directement dans ce conflit. L’arrestation de deux éléments de l’armée rwandaise par la population est une preuve éloquente du soutien de ce voisin.  Christophe Lutundula, ministre congolais des affaires étrangères n’est pas allé par le dos de la cuillère, il a pointé le doigt accusateur au Rwanda.  Les mesures prises par le gouvernement à l’issue du Conseil supérieur de la défense sont plus que éloquente :

Convocation de l’ambassadeur rwandais à Kinshasa, suspension des vols Rwandair sur toutes les destinations en République démocratique du Congo etc… Conséquence de toutes ces mesures : l’ambassade a retiré son drapeau qui flottait au-dessus de l’immeuble qu’elle occupait. C’est dire que la diplomatie congolaise a, pour une fois, cessé d’être amorphe.  C’est ce que chaque congolais attend

 

Que faire ?

L’attaque du M23 dans l’est, rappelle à chacun de nous, que le mal est profond, et de ce point de vue, il faut le déraciner, extirper, et bruler vives ou mortes toutes ces racines qui se sont installées dans les profondeurs de la terre.

On ne peut pas se plaindre, la justice doit faire son travail. Tous les procureurs militaires basés dans l’est du pays doivent se saisir, toute affaire cessante, de ce dossier pour mettre un terme à la crise qui a endeuillé nos compatriotes. Parallèlement, l’armée doit se préparer. Paul Kagame, dans une vidéo devenue virale, est clair : « nous ne pouvons pas nous battre dans notre pays. Il est très petit. Il faut aller là-bas où sont concentrés les FDLR. » Ce dire que le Rwanda ne cache plus ses intentions. La guerre directe aura lieu quoi qu’il en soit. C’est maintenant qu’il faut se mobiliser. Il faut éviter la jouissance générale dont on nous reproche souvent. Se concentrer dans l’essentiel pour éviter toute tentative de balkanisation de notre pays. Les mots doivent être accompagnés des actes.   Il faut arrêter, une bonne fois pour toute, ce qui agace la conscience collective face au drame de l’est.  

Julien Nyamwenyi Mwana Shangu


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