Sud Express international a couvert, de loin, la réconciliation katangaise. C’est une très bonne chose, parce qu’elle implique, pour notre média en ligne, sa participation à la dynamique de la paix, voulue par tous, dans notre pays mais aussi comme l’un des instruments de la démocratie. Au-delà de toutes les autres considérations, dans l’imaginaire collectif, il s’agit ici d’une paix de cœur et même des braves. Quoi de plus normal, que cette initiative encourageante, s’étende dans les autres provinces où ses propres filles et fils sont en conflit pour des raisons diverses.
Mais dans cette affaire, à voir dans le prisme de la lumière, on dirait peut-être, qu’il s’agisse, sans nul doute, d’une réconciliation entre Joseph Kabila et Moise Katumbi et non de tous les Katangais. La petite phrase discordante mais très significative, lâchée par le bâtonnier Jean-Claude Muyambo est révélatrice du sentiment d’un travail inachevé laissant un goût de cendre pour des anonymes katangais, en marge de cette cérémonie semblable à l’intronisation d’un évêque. Jean-Claude Muyambo est clair : « Les Katangais veulent que la réconciliation soit sincère entre eux. Pour ce faire, les bourreaux et leurs victimes doivent se parler en toute honnêteté et sincérité. Ce qui n'a pas été fait, hélas ! » Il ne s’agit ni plus ni moins d’une petite, mais d'une grande voix discordante qui dénote cette réconciliation.
L’impression que laisse transparaître cette réconciliation, ce que, il y a des choses qui n’ont pas été faites. On peut tout dire hélas ! Les gens ne se sont pas parlé. Et la petite phrase de Muyambo, de ce point de vue politique, est significative. Tout le monde le sait, le bâtonnier est l’une des victimes du régime Kabila qui a failli laisser sa peau en prison. L’homme a été incarcéré, peut-être injustement, par une justice manipulée et au seul service de Joseph Kabila. Il en est sorti avec une jambe pourrie. D’autres personnalités s’interrogent si Moise Katumbi et Joseph Kabila se sont bien parlé avant cette cérémonie. On a eu l’impression que les deux hommes se sont vu pour la première fois qu’à l’intérieur de la cathédrale. Un sourire qui ne rassure personne même si l’on sait que Kabila est souvent timide en public.
Des nombreuses sources du régime Kabila affirment que le conflit entre les deux hommes n’était pas seulement politique dont le début était marqué par l’affaire d’un troisième pénalty, qui ne se justifiait plus. Une image sublime du sport, lorsqu’une faute est commise dans la grande surface de réparation. Mais il était aussi financier, explique -t-on des sources très crédibles. Il faut noter que les relations entre Kabila et Katumbi étaient déjà entamées depuis plusieurs mois. Les barons du régime, katangais ou pas, étaient très impliqués dans ce conflit, voulant en découdre d’une part avec le richissime homme d’affaires, et d’autre part le faire partir à la tête de la province du Katanga.
Conséquence, nombreux sont ceux qui avaient coupé leurs relations personnelles avec Moïse Katumbi. Plusieurs noms sont cités dans l’entourage de Kabila parmi lesquels : Kalev Mutond, Muyej Mangez Mans, Mova Sakanyi, Evariste Boshab Mabudj, Kikaya Bin Karubi, Adolphe Lumanu Bwana Nsefu… la liste est longue. Tous avaient joué un rôle nocif dans le pourrissement des relations entre les deux hommes. Question : est-ce que tous ces katangais se sont parlé ? Kalev Mutond, l’homme-orchestre de la terreur du régime Kabila, n’a pas été aperçu lors de cette cérémonie. Comment va-t-il se parler avec ses bourreaux d’hier parmi lesquels Jean-Claude Muyambo ? L’homme serait toujours en fuite car recherché par la justice après des nombreuses plaintes et accusations de violation de droit de l’homme.
Autre chose et non de moindre, on avait beaucoup parlé dans la foulée du conflit Kabila-Katumbi d’une affaire d’argent qui opposait ces Katangais impliquant d’ailleurs, Dan Gettler, un ami commun aux deux personnalités. Est-ce que ce contentieux a été réglé ?
Les deux questions que les communs de mortels se posent et qui nous viennent à l’esprit est celle de savoir si les deux personnalités katangaises, longtemps divisées, pour des raisons politico-financières, sont les seules, les plus représentatives de l’opinion katangaise ? Et la dernière est celle de savoir si les victimes d’hier sont prêtes à pardonner leurs bourreaux sans le moindre dialogue ?
Julien Nyamwenyi Mwana Shangu